Compte-rendu Réunion du 29 septembre entre Associations et Monsieur Béal ONF


Participants :
  • ONF : Michel Béal - Directeur Agence territoriale Ile-de-France Ouest ONF
  • Associations : Jean-Marc Bourhis (Dagoverana, Ville d'Avray), Jacques Chatignoux (Marnes Environnement et Patrimoine, Marnes-La-Coquette), Hélène Seychal (GNSA - Groupe National de Surveillance des Arbres, Ville-d’Avray), Christian Curé (membre de plusieurs associations environnementales, Sèvres).

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1- Présentation de nos préoccupations associatives et citoyennes

Préambule

Notre intention n’est pas de nous opposer en général à toute exploitation raisonnée des forêts, ni de remettre systématiquement en cause les techniques et la communication institutionnelle, même si celles-ci ne sont pas exemptes de critiques ».

Echos de nos adhérents et concitoyens :

  • Dans un contexte de dégradation de l’environnement urbain (densification à marche forcée) et de crises (Covid, climat, guerre…), ils éprouvent la nécessité d’un contact plus fort avec la forêt (apaisement, aération, activités sportives ou simple promenade…) ;

  • Cependant, ils constatent également la dégradation symétrique des PAYSAGES FORESTIERS : affligés par le spectacle des prélèvements, la diminution des arbres les plus âgés donc les plus beaux et l’état de désolation des parcelles et chemins bien après la fin des chantiers, ils ne reconnaissent plus « leur » forêt. La sensibilité et l’émotion sont exacerbées, l’incompréhension va croissante.

  • Ils se défient des institutions : « plus on tente le dialogue, plus les coupes augmentent ». Peu de crédibilité accordée aux discours de communication de l'ONF (ex : la proposition de choyer 5 arbres seulement sur les milliers que compte la forêt).

  • Le message général qui remonte : « STOP ! Plus de confusion, d’ambiguïtés, de mélange des genres : fini les plans de gestion / d’exploitation pour Fausses-Reposes, seulement un plan d’entretien ! » ;

Les attentes exprimées par la population sont légitimes

raison pour laquelle nous les relayons :
  • Fausses-Reposes est singulière par sa situation au cœur même de l’agglomération de Paris ; c’est de fait une « forêt dans la ville » ;
  • Fausses-Reposes est petite, plus petite que le parc de Versailles, le bois de Boulogne et celui de Vincennes. C’est un confetti, au même titre que d’autres petites forêts urbaines ;
  • Sa fréquentation est de plus en plus forte. La dimension sociale de ce massif ne doit plus seulement être prise en compte, elle doit être absolument prioritaire, jusqu’à éclipser son rôle productif, car on voit bien que les deux ne sont, ici, plus compatibles ;
  • Elle pèse peu dans l’équation économique globale de l’ONF.

Nous souhaitons voir une approche plus sociale

adaptée, ciblée pour notre petite forêt urbaine de Fausses-Reposes (90% de son périmètre est urbanisé, source ONF) :
  • Cesser l'exploitation commerciale et n’assurer que l’entretien en vue de l’accueil du public. A cet égard, l’implication de l’Office reste essentielle ;

  • Conserver à notre forêt le caractère de forte naturalité qui était le sien auparavant : qu’elle ne ressemble pas à un parc, certes, mais ne donne pas non plus l’image d’une forêt délaissée, voire dévastée (vidéo et visuels présentés) ;

  • Concernant les chemins en particulier :
    • Remettre en état (ornières) les voies et allées dès la fin des chantiers ;
    • Enlever les rémanents (branches au sol) sur au moins 30 mètres de chaque côté des chemins dès la fin des chantiers;
    • Maintenir l’accessibilité des sentes.

Interrogations sur les scenarii de rentabilité de Fausses-Reposes.

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2- Monsieur Béal exprime le point de vue de l’ONF

La nouvelle stratégie de gestion mise en place par l’Onf en 2017

pour répondre à la demande sociétale en Île-de-France et qui comprend le passage au régime de la futaie irrégulière et la commercialisation des bois sous forme de bois façonné s’applique depuis à toutes les forêts domaniales d’Île-de-France et notamment à l’ensemble des forêts domaniales urbaines et périurbaines quelle que soit leur taille. Elle est parfaitement adaptée aux petites forêts urbaines, dont Fausse-Reposes. Tout en reconnaissant la légitimité des nouvelles attentes du public rien ne justifie de changer de mode d’exploitation, même si l’on peut toujours progresser un peu dans les pratiques de gestion.

A la différence d’un chantier en ville

En forêt l’Onf n’installe pas de clôture pour empêcher l’accès du public sur un secteur de forêt en cours d’exploitation. L’Onf ne veut pas ainsi soustraire de l’espace forestier aux promeneurs. Pour autant les chantiers forestiers (comme ceux en ville) sont par définition interdits au public. En étant « ouverts » (sans clôture), ils sont visibles du public pendant toute leur durée, offrant une vision… de chantier ! Nous pouvons comprendre la réaction du public.

Les arbres marqués par les techniciens forestiers de l’ONF, donc destinés à être coupés, sont toujours choisis pour une raison technique (sécurité, sanitaire ou sylvicole) et non pour leur valeur commerciale.

Il est faux de dire que ce se sont des coupes commerciales. Ce n’est qu’après leur marquage et après la coupe que les bois choisis sont regroupés par essence, par qualité, par produit… pour être vendus à des professionnels de la filière bois pour être transformé selon les besoins de la société. Le bois est toujours en 2022 un écomatériau indispensable à l’Homme qu’il ne faut pas gâcher. Les arbres coupés sont aussi le fruit de la gestion de générations de forestiers.

L’ONF pratique une sylviculture avec une vision moyen et long terme

et la mutation opérée ces dernières années pour les forêts franciliennes (privilégiant une gestion des forêts en « futaie irrégulière », plus sélective) induit des coûts plus élevés : dans la futaie irrégulière l’ONF travaille à l'échelle de l'arbre. « Nous sommes les paysans de la forêt » => Notre objectif est de tendre vers une forêt mosaïque, diversifiée (notamment par le nombre d’essences), hétérogène donc plus résiliente face au changement climatique. De plus, nous favorisons le plus possible des circuits courts.

Pour que les semis s'installent et croissent pour remplacer leurs « ainés », il leur faut de la lumière.

Même si l'ONF accorde de l'importance à l'entretien, il doit aussi prélever les arbres arrivés « à maturité » (sans précision) pour assurer la régénération. Pour un chêne par exemple, c’est 180 à 200 ans.
Cependant, les décisions de coupes sont toujours fondées sur l’expérience métier et non sur des challenges économiques.
  • Pour l'ONF, la coupe d’un arbre est une décision purement technique, visant au meilleur épanouissement de la génération future. Si la forêt n’était pas ainsi gérée elle pourrait ne pas se renouveler.
  • L’agence de l’ouest parisien n’a pas d’objectif de production, elle est d’ailleurs déficitaire. La question de la rentabilité de Fausses-Reposes ne se pose donc pas, nous ne raisonnons pas en termes économiques.

Les chiffres de production (de volume de bois) dans les plans de gestion

résultent de données moyennes passées de la forêt. Ces chiffres ne sont donc pas des objectifs en soit, mais des estimations déductives. Ce qui est important c’est de « passer » dans chaque parcelle tous les dix ans en moyenne pour assurer l’entretien du peuplement selon son âge et l’objectif de la parcelle (éclaircie, régénération,…)
  • Les plans de gestion successifs n’affichent pas d’augmentation de la production pour Fausses-Reposes (inflexions marginales mises de côté).

La matière première bois

est de plus en plus demandée et les prix augmentent depuis quelques mois après la crise sanitaire Covid et avec la guerre en Ukraine après une période d'évolution lente.

L’ONF n'entend pas favoriser

la dispersion du public sur les petits chemins (single) souvent créé par des VTT ou des piétons… mais au contraire, nous souhaitons canaliser le public sur les chemins principaux, de sorte de préserver la tranquillité de la faune et de la biodiversité en général. Une forêt n'est pas un parc.

L’état des chemins

ne peut être apprécié juste quelques jours après une intervention ou une exploitation ; ils ne sont pas remis en état chaque Weekend mais à la fin du chantier. Un rendez-vous sur site est proposé pour établir l’absence de problème.

L’ONF n’a pas connaissance d’un rejet de son action par la population :

  • Depuis 2014, année de fortes tensions entre les usagers des forêts et l’exploitant (tensions ayant conduit à un changement du mode de gestion en Île-de-France), les choses se sont calmées ;

  • Des actions de communication sont de plus en plus nombreuses : les réunions de découverte organisées en forêt sont un succès, preuve de l’apaisement (Journées forestières - Journées du Patrimoine - divers supports de communication diffusés au public ou via les élus, ou encore installés en forêt). Les personnels de l'ONF y sont associés.

Les propos tenus sur les réseaux sociaux sont trop souvent violents et injustes

Ils affectent les forestiers qui font ce métier par passion avec professionnalisme et rigueur et dans l’amour de la forêt.

Les associations présentes autour de cette table

seront invitées à participer aux prochaines réflexions sur la forêts.

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3- Les points de divergence

Pour l’ONF

« Ce qui est bon pour toutes les forêts d’Île-de-France, y compris pour certaines grandes forêts périurbaines, est bon pour ses petites forêts urbaines ».
  • Pour les associations présentes

    la spécificité des petites forêts urbaines doit être reconnue au niveau territorial pour répondre aux changements ayant récemment impacté la société. Ces associations jugent que ce serait d’autant plus facile à mettre en œuvre qu’aucun objectif d’exploitation n’est donné pour Fausses-Reposes et, quand bien même ce serait le cas : « Fausses-Reposes ne fournit que 3 000 à 4 000 des 120 000 m3 prélevés dans l’Ouest francilien » (Mr Béal, réunion publique 28/06/22), soit 3%.

Pour l’ONF

le climat s’est largement apaisé, il y a de moins en moins de mécontentement comme nous l’avons constaté lors de la journée organisée par l’Onf partout en Île-de-France « tous en forêt » du 28 septembre.
  • Pour les associations présentes

    • Les nombreuses réunions animées par l’ONF ici ou là pour contenir la fronde montre la sensibilité croissante du public ;
    • Les « propos tenus sur les réseaux sociaux, parfois violents et injustes » ne révèlent pas autre chose ;
    • Les tags rageurs (que nous ne cautionnons pas) sur les grumes ou sur le matériel des exploitants parachèvent le tableau.

La justification uniquement « technique » des coupes

fait l’objet d’une forte divergence de vues.
  • Pour les associations présentes

    • La forêt n’a pas besoin de l’homme pour survivre, elle n’a pas été « gérée » pendant des millénaires et là où elle s’étend, en France, c’est justement là où les hommes délaissent un territoire.
    • L’ONF peine à nous convaincre que Fausses-Reposes ne serait pas soumise à un objectif de production, dans un contexte où « la matière première bois est de plus en plus demandée ».
    • Même stable, un objectif de production reste un objectif de production. Or la population urbaine n’en veut plus.
    • La maturité économique d’un arbre n’est pas sa maturité biologique. Parler de maturité sans préciser s’il s’agit de sa maturité économique ou biologique n’est guère acceptable.
    • Si besoin était, les semis disposés en rangs d’oignon nous renseignent sur l’approche économique de l’ONF, sans considération du paysage et des attentes du public.
    • Nous ne pouvons croire que des actions d’entretien pur donneraient lieu à autant de coupes.
    • Le plan de gestion doit devenir un plan d'entretien, qui ne serait nullement incompatible avec la préservation de la forêt pour les générations futures, bien au contraire.

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4- Les points à explorer plus avant, à la demande des associations présentes

Effort des années passées

pour aller vers une stratégie d'exploitation en futaie irrégulière : doit-on se contenter, en 2022, de poursuivre cette gestion qui mêle confusément exploitation et entretien (pour le plus grand bénéfice de l’exploitant)… alors que les récentes crises ont renforcé le besoin de nature, de sérénité et de paysages forestiers non altérés ?

Information du public

l’améliorer pour lui permettre d’appréhender la vraie nature des actions conduites à Fausses-Reposes et exercer son contrôle.

Les financements reçus par l'ONF

En provenance des collectivités territoriales pourraient-ils faire l'objet de réflexions partagées sur les usages possibles ?

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5- proposition de l’ONF

Retrouvons-nous en forêt lors d'une visite ciblée (par exemple en décembre) pour nous assurer que nous parlons le même langage et agissons de concert pour corriger ce qui doit l’être (aspects dégradés / suivi de chantier dans la forêt de Fausses-Reposes)

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Contacter le Collectif Fausses Reposes